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un voyageur pouvait errer des jours entiers sans rencontrer une créature humaine, soit amie, soit ennemie. La nation des Vandales, qui avait compté un moment cent soixante mille guerriers, outre les femmes, les enfans et les esclaves, avait disparu ; une guerre impitoyable avait anéanti un nombre de Maures encore plus grand ; et le climat, les divisions intestines et la rage des Barbares vengeaient cette destruction sur les Romains et leurs alliés. Lorsque Procope débarqua en Afrique pour la première fois, il admira la population des villes et des campagnes, et l’activité du commerce et de l’agriculture. En moins de vingt ans, cette scène de mouvement s’était changée en une solitude silencieuse ; les riches citoyens s’étaient réfugiés en Sicile et à Constantinople ; et l’historien secret assure que les guerres et le gouvernement de Justinien coûtèrent cinq millions d’hommes à l’Afrique[1].

Révolte des Goths. A. D. 540.

La jalousie de la cour de Byzance n’avait pas permis à Bélisaire d’achever la conquête de l’Italie ; et son brusque départ ranima le courage des Goths[2]

  1. Procope, Anecd., c. 18. Les divers événemens de la guerre d’Afrique attestent cette triste vérité.
  2. Procope continue, dans le second livre de son Histoire (c. 30) et dans le troisième (c. 1-40), le récit de la guerre des Goths, depuis la cinquième jusqu’à la quinzième année de Justinien. Comme les événemens sont moins intéressans que dans la première période, son récit est alors la moitié moins étendu pour un intervalle de temps une fois plus considérable. Jornandès et la Chronique de Marcellin sont de quelques secours. Sigonius, Pagi, Mura-