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et des villes de la Bretagne. On a condamné presque unanimement la politique faible et funeste de ce monarque infortuné[1], qui invita des étrangers formidables à venir le défendre contre les entreprises d’un ennemi domestique. Les plus graves historiens racontent qu’il envoya des ambassadeurs sur la côte de Germanie, qu’ils adressèrent un discours pathétique à l’assemblée générale des Saxons, et que ces audacieux Barbares résolurent d’aider d’une flotte et d’une armée les habitans d’une île éloignée et inconnue. Si la Bretagne eût été réellement inconnue aux Saxons, la mesure de ses calamités aurait été moins complète ; mais le gouvernement romain manquait de forces suffisantes pour défendre constamment cette province maritime contre les pirates de la Germanie. Ses différens états indépendans et divisés étaient souvent exposés à leurs attaques, et les Saxons pouvaient former quelquefois avec les Pictes et les Écossais une ligue expresse ou tacite de rapine et de destruction. Vortigern ne pouvait que balancer les différens périls qui menaçaient de

  1. Le fait de cette invitation, à laquelle les expressions vagues de saint Gildas et de Bède pourraient faire ajouter quelque foi, a été arrangé par Witikind, moine saxon du dixième siècle, qui en a fait un récit régulier et accompagné de toutes ses circonstances. (Voyez Cousin, Histoire de l’empire d’Occident, t. II, p. 356.) Rapin et Hume lui-même se sont servis trop légèrement de cette autorité suspecte, sans égard pour le témoignage précis et probable de Nennius. Interea venerunt tres Chiulæ à Germaniâ in exilio pulsæ, in quibus erant Hors et Hengist.