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évêques d’Espagne se respectèrent, et conservèrent la vénération des peuples. Leur union indissoluble déguisait leurs vices et affermissait leur autorité ; et la régularité de la discipline ecclésiastique introduisit la paix, l’ordre et la stabilité dans le gouvernement de l’état. Depuis le règne de Recarède, le premier roi catholique, jusqu’à celui de Witiza, le prédécesseur immédiat de l’infortuné Roderic, seize conciles nationaux furent successivement assemblés. Les six métropolitains de Tolède, Séville, Mérida, Braga, Tarragone et Narbonne, présidaient suivant leur rang d’ancienneté ; l’assemblée était composée de leurs évêques suffragans. Ils y paraissaient en personne ou par procureur, et il y avait une place assignée pour les abbés distingués par leur piété ou leur opulence. On agitait les questions de doctrine et de discipline ecclésiastique durant les trois premiers jours de l’assemblée, et les laïques étaient soigneusement exclus de ces débats, qui se passaient cependant avec une solennité décente ; mais dès le matin du quatrième jour on ouvrait les portes, et l’on admettait les grands-officiers du palais ; les ducs, les comtes, les nobles, les juges des villes et le consentement du peuple, ratifiaient les jugemens du ciel. Les mêmes règles s’observaient dans les assemblées provinciales, ou conciles annuels chargés de recevoir les plaintes et redresser les abus ; le gouvernement légal avait pour appui l’influence victorieuse du clergé. Les évêques, dont l’usage était, dans toutes les révolutions, de flatter les vainqueurs et d’insulter