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moi, leur dit Théodoric, suivez-moi en Auvergne, je vous conduirai dans une province où vous trouverez de l’or, de l’argent, des troupeaux, des esclaves et des richesses de toute espèce. Je vous engage ma parole de vous abandonner les peuples et tous leurs biens ; vous les transporterez, si vous voulez, dans votre pays. » Par l’exécution de cette promesse, Théodoric perdit tous ses droits sur un peuple qu’il dévouait à la destruction. Ses troupes, secondées d’un corps des plus farouches Barbares de la Germanie, semèrent la désolation dans la fertile Auvergne[1]. Une forteresse et une église qui renfermait la châsse d’un saint, furent les seuls édifices sauvés de leur fureur ou arrachés de leurs mains. Le château de Meroliac[2] était situé sur un rocher élevé de cent pieds au-dessus de la plaine. Il renfermait dans l’enceinte de ses fortifications un vaste réservoir d’eau vive, et quelques terres labourables. Les Francs contemplèrent avec dépit la proie à laquelle ils ne pouvaient atteindre ; mais ayant surpris cinquante traî-

  1. Furorem gentium, quæ de ulteriore Rheni amnis parte venerant, superare non poterat. Saint Grégoire de Tours, l. IV, c. 50, t. II, p. 229. Ce fut l’excuse dont se servit un autre roi d’Austrasie, lorsque les troupes qu’il commandait ravagèrent les environs de Paris.
  2. D’après le nom et la position, les éditeurs bénédictins de saint Grégoire de Tours (t. II, p. 192) placent cette forteresse dans un endroit nommé Castel-Merliac, à deux milles de Mauriac dans la Haute-Auvergne. Dans cette description je traduis infra comme s’il y avait intra. Saint Grégoire ou ses copistes confondent à tout instant ces deux prépositions, et le sens doit toujours décider.