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de la Gaule ; ses braves et nombreux habitans conservaient précieusement, comme un trophée, l’épée de César, échappée de ses mains au moment où il fut repoussé devant les murs de Gergovie[1]. Comme descendans des Troyens, ils prétendaient à l’alliance fraternelle des Romains[2] ; et si toutes les provinces eussent imité le courage et la loyauté de l’Auvergne, elles auraient empêché ou au moins différé la chute de l’empire d’Occident. Les Auvergnats conservèrent fidèlement aux Visigoths la foi qu’ils leur avaient jurée avec répugnance ; mais leur plus brave jeunesse ayant succombé à la bataille de Poitiers, ils acceptèrent sans résistance un prince catholique pour leur souverain. Théodoric, roi d’Austrasie et fils aîné de Clovis, acheva cette conquête facile et importante, qui devint une partie de ses états ; mais elle s’en trouvait séparée par les royaumes intermédiaires de Paris, d’Orléans et de Soissons, qui composaient, à la mort de son père, l’héritage de ses trois frères. Le voisinage et la beauté de l’Auvergne

  1. Lorsque César la vit, il se mit à rire. Plutarque, in Cæsar., t. I, p. 409. Cependant il raconte l’événement du siége de Gergovie avec moins de franchise qu’on n’aurait droit d’en attendre d’un héros accoutumé à la victoire ; mais il avoue qu’il perdit à une seule attaque sept cents soldats et quarante-six centurions. De bell. gallic., l. VI, c. 44-53 ; t. I, p. 270-272.
  2. Audebant se quondam fratres Latio dicere, et sanguine ab Iliaco populos computare. Sidon. Apollin. (l. VII, épît. 7, t. I, p. 799.) Je ne suis point instruit des degrés ou des circonstances de cette fabuleuse parenté.