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nople, Bélisaire attirait et charmait tous les regards. Sa taille élevée et sa physionomie majestueuse remplissaient l’idée qu’on s’était formée d’un héros. Ses manières douces et gracieuses enhardissaient le dernier de ses concitoyens, et la troupe de guerriers qui accompagnait ses pas ne le rendait pas inabordable comme dans un jour de bataille. Il avait à sa solde sept mille cavaliers, d’une beauté et d’une valeur incomparables[1]. Leur bravoure se distinguait dans les combats singuliers ou dans les premiers rangs le jour d’une action ; et les deux partis avouaient qu’au siége de Rome les gardes de Bélisaire avaient triomphé seuls de l’armée des Barbares. Les plus vaillans et les plus fidèles soldats de l’ennemi augmentaient sans cesse le nombre de sa troupe ; et les Vandales, les Maures et les Goths qui devenaient ses heureux captifs, le disputaient à ses guerriers domestiques en attachement pour leur maître. Tout à la fois libéral et juste, il fut aimé des soldats sans perdre l’affection du peuple. Il fournissait de l’argent et les secours de la médecine aux malades et aux blessés ; et ses visites affectueuses contribuaient encore à leur guérison d’une manière plus efficace. La perte d’une arme ou d’un cheval était à l’instant

  1. Procope, Goth., l. III, c. 1. Aimoin, moine français du onzième siècle, qui s’était procuré sur Bélisaire quelques détails authentiques qu’il a défigurés, parle en son nom de douze mille pueri ou esclaves, quos propriis alimus stipendiis, et en outre de dix-huit mille soldats. Historiens de France, t. III (De gest. Francor., l. II, c. 6, p. 48.)