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sement d’un traité qu’il abhorrait en secret, il sut leur persuader qu’il était disposé à se rendre à leurs désirs. Les envoyés des Goths fixèrent le jour où ils devaient livrer Ravenne. Des navires chargés de provisions furent reçus avec joie dans l’intérieur du port : on ouvrit les portes au prétendu roi d’Italie ; [Il subjugue le royaume des Goths en Italie. A. D. 539. Décemb.]et Bélisaire, sans rencontrer un seul ennemi, traversa en triomphe les rues de cette ville imprenable[1]. Les Romains furent étonnés de leurs succès : ces Goths si nombreux, si robustes, et d’une si haute stature, furent eux-mêmes surpris de leur faiblesse ; leurs femmes, animées d’un courage viril, crachaient au visage de leurs enfans et de leurs maris, en leur reprochant avec amertume de livrer leur empire et leur liberté à ces pygmées du Sud, méprisables par leur petit nombre et par l’exiguité de leur taille. Avant que les Goths eussent pu revenir de leur première surprise et demander l’accomplissement de leurs douteuses espérances, Bélisaire avait déjà établi sa puissance dans Ravenne de manière à ne plus craindre leur repentir ou leur révolte. [Captivité de Vitigès.]Vitigès, qui peut-être avait essayé de s’enfuir, fut gardé honorablement dans son palais[2]. On choisit pour le service

  1. Bélisaire entra dans Ravenne, non pas en l’année 540, mais à la fin de 539. Pagi (t. II, 569) est rectifié sur ce point par Muratori (Ann. d’Italia, t. V, p. 62), qui prouve d’après un acte original sur Papyrus (Antiq. Italiæ medii ævi, t. II, dissert. 32, p. 997-1009 ; Maffei, Istoria diplom., p. 155-160), qu’avant le 3 janvier 540, la paix et une libre communication étaient rétablies entre Ravenne et Faenza.
  2. Vitigès fut arrêté par Jean-le-Sanguinaire ; mais on