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rouches et redoutables Hérules lui étaient dévoués[1] ; il entraîna sous ses bannières dix mille Romains ou soldats des peuples confédérés ; chaque mécontent saisit cette occasion de venger les offenses qu’il croyait avoir reçues ; et les troupes qui restaient à Bélisaire se trouvaient dispersées depuis les garnisons de la Sicile jusqu’aux côtes de la mer Adriatique. [Fermeté et autorité de Bélisaire.]Son habileté et sa constance triomphèrent de tous les obstacles ; il prit Urbin, il entreprit et suivit avec vigueur les siéges de Fésule, d’Orviète et d’Auximum ; et l’eunuque Narsès fut enfin rappelé aux fonctions domestiques du palais. Toutes les dissensions furent calmées, toutes les oppositions surmontées par la fermeté modérée d’un héros, à qui ses ennemis ne pouvaient refuser leur estime, et Bélisaire pénétra son armée de cette salutaire vérité que les forces de l’état doivent former un seul corps, et être animées d’un même esprit : mais ces momens de discorde laissèrent respirer les Goths ; on perdit une saison précieuse ; Milan fut détruit, et les Francs ravagèrent les provinces septentrionales de l’Italie.

Invasion de l’Italie par les Francs. A. D. 538-539.

Lorsque Justinien avait formé le projet de la conquête de l’Italie, il avait envoyé des ambassadeurs aux rois des Francs, pour les sommer, au nom des

  1. Ils refusèrent de servir après son départ ; ils vendirent aux Goths les captifs et le bétail qu’ils possédaient, et ils jurèrent de ne jamais les combattre. Il y a dans Procope une digression curieuse sur les mœurs et les aventures de cette nation errante, dont une partie se porta finalement dans Thulé et la Scandinavie. (Goth., l. II, c. 14, 15.)