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Italien fidèle à l’empereur, fuyant de Ravenne à Rome, avait été brutalement arrêté par Constantin, gouverneur de Spolette, et dépouillé, dans une église où il s’était réfugié, de deux poignards enrichis d’or et de pierreries. Dès que les Goths eurent levé le siége, il se plaignit du vol et de l’insulte : on écouta sa plainte ; le coupable reçut ordre de rendre les deux poignards, et désobéit par fierté ou par avarice. Présidius, aigri par ce délai, ne craignit pas d’arrêter le cheval de Bélisaire au moment où il traversait la place publique, et réclama avec le courage d’un citoyen la protection des lois romaines. L’honneur du général était engagé : il assembla un conseil de guerre ; il y exposa la désobéissance d’un de ses officiers, et une réplique insolente de Constantin le détermina à appeler ses gardes. Celui-ci les voyant entrer, jugea qu’il était perdu ; il tira son épée et se précipita sur Bélisaire, qui par son agilité éluda le coup, et fut ensuite protégé par ses amis : [Mort de Constantin.]on désarma le forcené, on le traîna dans une chambre voisine, où il fut exécuté, ou plutôt assassiné, d’après l’ordre arbitraire du général[1]. Cette

  1. Ce fait est raconté dans l’Histoire publique (Goth., l. II, c. 8) avec bienveillance ou circonspection, et dans les Anecdotes (c. 7) avec malveillance ou avec plus de liberté. Marcellin, ou plutôt son continuateur (in Chron.), jette sur le meurtre de Constantin un soupçon de préméditation. Il avait rendu des services utiles à Rome et à Spolette. (Procope, Goth., l. I, c. 7-14) Aleman. le confond avec Constantianus, comes stabuli.