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personnel ou l’honneur militaire l’emportèrent-ils sur l’influence de la religion.

Conquête de l’Aquitaine par les Francs. A. D. 508.

Tel est l’empire du hasard, s’il nous est permis de déguiser sous ce nom notre ignorance, qu’il paraît également difficile de prévoir les événemens de la guerre et d’en expliquer les différens effets. Une victoire sanglante et complète n’a souvent fait perdre que le champ de bataille, et la perte de dix mille hommes a quelquefois suffi pour détruire en un jour l’ouvrage de plusieurs siècles. La conquête de l’Aquitaine fut le prix de la bataille de Poitiers. Alaric laissait, en mourant, un fils dans l’enfance, un bâtard ambitieux, une noblesse factieuse et des peuples perfides. Les forces des Goths étaient ou paralysées par la consternation générale, ou employées aux discordes civiles. Le roi des Francs s’avança sans perdre de temps pour mettre le siége devant Angoulême. Au son de sa trompette, les murs de la ville, comme ceux de Jéricho, tombèrent de toutes parts. On pourrait réduire ce pompeux miracle, en supposant que quelques ouvriers ecclésiastiques avaient secrètement miné les fondemens du rempart[1]. Bordeaux se soumit sans résistance ; Clovis y établit

    atteignit et attaqua les Visigoths près de Vivonne, et la victoire se décida dans les environs d’un village appelé encore aujourd’hui Champagne Saint Hylaire. Voyez les Dissertations de l’abbé Le Bœuf, t. I, p. 304-331.

  1. Angoulême est sur la route de Poitiers à Bordeaux ; et quoique saint Grégoire de Tours diffère le siége, je suis plus porté à croire qu’il a dérangé l’ordre de l’histoire, qu’à imaginer que Clovis ait négligé les règles de la guerre.