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gociation à laquelle Bélisaire s’était artificieusement prêté. Ils se laissèrent persuader que ce qu’ils voyaient était seulement l’avant-garde d’une grande flotte et d’une grande armée qui couvraient déjà la mer Ionienne et les plaines de la Campanie ; et leur erreur se fortifia par la fierté du général romain au moment où il donna audience aux envoyés de Vitigès. Après un discours spécieux, dans lequel ils soutinrent la justice de leur cause, ils dirent que par amour de la paix, ils étaient disposés à renoncer à la Sicile. « L’empereur n’est pas moins généreux, leur répondit son lieutenant avec un sourire de dédain ; en reconnaissance de ce que vous cédez une chose que vous ne possédez plus, il vous offre une ancienne province de l’empire ; il abandonne aux Goths la souveraineté de l’île de la Bretagne. » Bélisaire rejeta avec la même fermeté et le même dédain le tribut qu’on lui offrit ; mais il permit aux ambassadeurs goths d’aller apprendre leur sort de la bouche de Justinien lui-même ; et il consentit, avec une répugnance simulée, à une trêve de trois mois, depuis le solstice d’hiver jusqu’à l’équinoxe du printemps. Il y aurait eu de l’imprudence à trop compter sur les sermens ou les otages des Barbares ; mais la supériorité que se sentait Bélisaire se manifesta dans la manière dont il distribua ses troupes. [Bélisaire reprend plusieurs villes de l’Italie.]Dès que la peur ou la faim eut déterminé les Goths à évacuer Alba, Porto et Centum-Cellæ, il y envoya tout de suite des garnisons : celles de Narni, de Spolette et de Pérouse furent renforcées, et les sept camps de l’ennemi