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chevaux et des hommes. Les Romains nous ont reçus comme des amis et des libérateurs ; mais telle est notre détresse, que leur confiance les perdra, ou que nous serons les victimes de leur perfidie et de leur haine. Quant à moi, ma vie est dévouée à votre service ; c’est à vous de voir si dans cette position ma mort contribuera à la gloire et à la prospérité de votre règne. » Ce règne aurait peut-être joui de la même prospérité, quand le paisible souverain de l’Orient se fût abstenu de la conquête de l’Afrique et de l’Italie ; mais comme Justinien aspirait à la renommée, il fit quelques faibles et languissans efforts pour secourir et sauver son général victorieux ; celui-ci reçut un renfort de seize cents Esclavons et Huns, conduits par Martin et Valérien ; ils s’étaient reposés durant tout l’hiver dans les havres de la Grèce, en sorte que les hommes ni les chevaux ne se ressentaient nullement de la fatigue d’un voyage maritime, et que ces troupes se distinguèrent par leur valeur dans la première sortie contre les assiégeans. Vers le solstice d’été, Euthalius débarqua à Terracine avec de grandes sommes d’argent destinées à la solde des troupes. Il s’avança avec précaution le long de la voie Appienne ; et ce convoi entra à Rome par la porte Capène[1], tandis que Bélisaire tournait d’un

  1. L’ancienne porte de Capène avait été reculée par Aurélien jusqu’à la porte moderne de Saint-Sébastien, ou près de là. Voyez le Plan de Nolli. Ce remarquable emplacement avait été consacré par le bocage d’Égérie, le