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pesans et mortels ; ses gardes fidèles imitaient sa valeur et défendaient sa personne ; et les Goths, après avoir laissé mille morts sur le champ de bataille, prirent la fuite devant le héros. La troupe de Bélisaire voulut imprudemment les poursuivre jusqu’à leur camp ; mais, accablée par le nombre, elle recula d’abord peu à peu, et se retira ensuite à pas précipités sous les portes de la ville : ces portes étaient fermées ; et le bruit que Bélisaire avait été tué augmentait la terreur publique. La sueur, la poussière et le sang, le rendaient méconnaissable ; sa voix était rauque et sa force presque épuisée ; mais il conservait sa valeur indomptable, il la communiqua à ses soldats découragés ; et telle fut leur dernière charge, que les Barbares prenant la fuite à leur tour, crurent qu’une nouvelle armée était sortie de la ville. [Valeur de Bélisaire.]La porte Flaminienne s’ouvrit pour un véritable triomphe ; toutefois la femme et les amis de Bélisaire ne purent lui persuader de prendre de la nourriture ni du repos, que lorsqu’il eut visité tous les postes et pourvu à la sûreté publique. Aujourd’hui que l’art de la guerre a fait des progrès, on demande ou même on permet rarement au général de déployer la valeur d’un soldat ; et il faut ajouter l’exemple de Bélisaire aux exemples peu communs de Henri IV, de Pyrrhus et d’Alexandre.

Il se défend dans les murs de Rome.

Après avoir éprouvé, pour la première fois et d’une manière si fâcheuse, a quels ennemis ils avaient affaire, les Goths passèrent le Tibre et formèrent le siége de Rome, qui dura plus d’une année. Quelque