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quer une position avantageuse, et reconnaître le camp des Barbares ; il les croyait encore de l’autre côté du Tibre, lorsqu’il se vit tout à coup environné et assailli par leurs innombrables escadrons. Le sort de l’Italie dépendait de ses jours ; et les déserteurs ayant indiqué un cheval bai[1] à tête blanche, qu’il montait dans cette mémorable journée, on entendit retentir de tous côtés ce cri : Visez au cheval bai ! Tous les arcs furent tendus, toutes les javelines furent dirigées contre lui, et des milliers de soldats répétèrent et suivirent cet ordre, dont ils ignoraient le motif. Les plus hardis d’entre les Barbares chargèrent d’une manière plus glorieuse avec l’épée et la lance ; et les éloges de l’ennemi ont honoré la mort de Visandus, le porte-étendard[2], qui se tint au premier rang jusqu’au moment où il fut percé de treize coups, peut-être par Bélisaire lui-même. Le général romain était rempli de force, d’activité et d’adresse ; il faisait tomber de tous côtés autour de lui des coups

  1. Un cheval bai ou roux était appelé φαλιος par les Grecs, balan par les Barbares, et spadix par les Romains. Honesti spadices, dit Virgile (Georg., l. III, 72, avec les observations de Martin et de Heyne), Σπαδιξ ou βαιον, signifient une branche de palmier, dont le nom φοινιξ est synonyme de roux. (Aulu-Gelle, II, 26.)
  2. Je suppose que le terme de βανδαλαριος n’est pas un nom d’homme, mais le nom de l’emploi de porte-étendard ; il paraît venir de bandum (vexillum), mot barbare adopté par les Grecs et par les Romains. (Paul Diacre, l. I, c. 20, p. 760 ; Grot., Nomina gothica, p. 575 ; Ducange, Gloss. latin., l. I, p. 539, 540.)