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forces dispersées, à abandonner leurs possessions lointaines, et à livrer Rome elle-même à la fidélité de ses habitans. On y laissa quatre mille hommes commandés par Leuderis, guerrier avancé en âge. Une si faible garnison pouvait seconder le zèle des Romains, mais elle était hors d’état de résister à leur volonté. Saisis d’un accès de fanatisme religieux et patriotique, ils s’écrièrent avec fureur qu’on ne devait plus voir l’arianisme triomphant ou même toléré auprès du trône apostolique ; que les sauvages du nord ne devaient pas fouler aux pieds le tombeau des Césars ; et sans songer que l’Italie allait devenir une province de l’empire de Constantinople, ils proclamèrent d’une voix enthousiaste le rétablissement d’un empereur romain, comme une nouvelle époque de liberté et de bonheur. Les députés du pape et du clergé, du sénat et du peuple, invitèrent le lieutenant de Justinien à venir recevoir leur serment volontaire de fidélité, et à entrer dans leur ville, dont les portes seraient ouvertes pour le recevoir. Bélisaire, après avoir fortifié ses nouvelles conquêtes, Naples et Cumes, s’avança d’environ vingt milles sur les bords du Vulturne : il contempla les restes de la grandeur de Capoue, et s’arrêta au point de jonction des voies Latine et Appienne. Après neuf siècles d’un passage continuel, ce dernier chemin, ouvrage du censeur Appius, conservait encore sa première beauté ; on n’eût pas découvert un défaut dans les grandes pierres polies et fermement unies qui assuraient la durée de cette route étroite, mais