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dant alarmé du pouvoir naissant de Clovis, ce prudent monarque était fermement déterminé à soutenir les Goths dans leur guerre nationale et religieuse.

Victoire de Clovis. A. D. 507.

Les prodiges accidentels ou artificiels qui illustrèrent l’expédition de Clovis passèrent, dans un siècle de superstition, pour une preuve évidente de la faveur divine. Il partit de Paris, traversa avec dévotion le saint diocèse de Tours, et voulut en passant consulter sur l’événement de la guerre, la châsse de saint Martin, l’objet de la vénération et l’oracle de la Gaule. Ses envoyés eurent ordre d’être attentifs aux paroles du psaume que l’on chanterait lorsqu’ils entreraient dans l’église ; elles exprimaient heureusement la valeur et la victoire des champions du ciel, et il fut aisé d’en faire l’application au nouveau Josué ou au nouveau Gédéon qui allait combattre les ennemis du Seigneur[1]. Orléans assurait aux Francs un pont sur la Loire ; mais environ à quarante milles de Poitiers, la crue extraordinaire des eaux de la Vigenna ou Vienne leur ferma le passage ; l’armée des Visigoths couvrait la rive opposée. Les

  1. Cette manière d’augurer, en acceptant pour présage les premiers mots qui se présentaient à l’œil ou qui frappaient l’ouïe, était tirée de la coutume des païens. On substitua le Psautier ou la Bible aux poëmes d’Homère et de Virgile. Depuis le quatrième jusqu’au quatorzième siècle, ces sortes sanctorum, comme on les appelait alors, furent condamnés à plusieurs reprises par les conciles, et pratiqués malgré les défenses par les rois, les évêques et les saints. Voyez une Dissertation curieuse de l’abbé du Resnel dans les Mém. de l’Acad., t. XIX, p. 287-310.