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ruines d’une cité grecque qui s’était étendue autrefois à une circonférence de vingt-deux milles[1] ; mais au printemps, vers les fêtes de Pâques, une révolte dangereuse en Afrique interrompit le cours de ses desseins. Carthage, où il débarqua tout à coup avec mille de ses gardes, fut sauvée par sa présence. Deux mille soldats d’une fidélité suspecte revinrent sous le drapeau de leur ancien général ; et se mettant en route au même instant, il fit plus de cinquante milles pour chercher un ennemi qu’il affectait de plaindre et de mépriser. Huit mille rebelles, tremblans à son approche, furent mis en déroute à la première charge par l’habileté de leur maître ; et cette ignoble victoire aurait rétabli la paix en Afrique, si Bélisaire n’eût pas été rappelé précipitamment en Sicile pour y apaiser une révolte qui s’était élevée dans son camp[2]. Le désordre et la désobéissance étaient la maladie de cette époque ; les talens du commandement et les vertus de l’obéissance n’existaient plus que dans le seul Bélisaire.

  1. On trouve une description de l’ancienne étendue et de l’ancienne magnificence des cinq quartiers de Syracuse, dans Cicéron, in Verrem, actio 2, l. IV, c. 52, 53 ; Strabon, l. VI, p. 415 ; et d’Orville, Sicula (l. II, p. 174-202.) L’enceinte de la nouvelle ville, rebâtie par Auguste, était fort resserrée du côté de l’île.
  2. Procope (Vandal., l. II, c. 14, 15) parle si clairement du retour de Bélisaire en Sicile (p. 146, edit. Hœschelii), que je suis étonné de l’étrange méprise et des reproches d’un savant critique sur cet objet. (Œuvres de La Motte le Vayer, l. VIII, p. 162, 163.)