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spiré aucune vanité ; et quoiqu’elle sût également s’exprimer avec facilité et avec élégance en grec, en latin et dans la langue des Goths, elle savait, au milieu de ses conseils, garder un silence prudent et impénétrable. En imitant les vertus de Théodoric, elle ramena la prospérité de son règne, en même temps qu’elle s’efforçait, avec un soin pieux, d’expier les fautes et d’effacer le souvenir moins glorieux des dernières années de sa vie. Elle rendit aux enfans de Boëce et de Symmaque, le patrimoine de leurs aïeux. Sa douceur fut telle, qu’elle ne consentit jamais à infliger aucune peine corporelle, ou aucune amende aux Romains soumis aux lois de son empire : cette princesse méprisa généreusement les clameurs des Goths qui, après quarante années, regardaient toujours les Italiens comme leurs esclaves ou comme leurs ennemis. Son heureuse administration fut dirigée par la sagesse de Cassiodore, et célébrée par son éloquence ; elle rechercha, elle mérita l’amitié de l’empereur, et les royaumes de l’Europe respectaient, dans la paix et dans la guerre, la majesté du trône des Goths ; mais son bonheur à venir et celui de l’Italie dépendaient de l’éducation de son fils, destiné par sa naissance à remplir les fonctions diverses et presque incompatibles de chef d’un camp barbare, et de premier magistrat d’une nation civilisée. Dès l’âge de dix ans[1], Athalaric fut instruit

  1. Procope dit qu’à la mort de Théodoric, Athalaric, son petit-fils, avait à peu près huit ans, οκτω γεγονως ετη. Cassiodore, dont l’autorité est ici d’un grand poids, lui