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leurs désirs. L’empereur devait le royaume d’Afrique à leur amitié ; et ils pouvaient se croire des titres pour rentrer en possession d’un stérile rocher, séparé depuis si peu de temps de leur empire, comme présent de mariage. Ils furent bientôt détrompés par l’impérieuse missive de Bélisaire, qui leur causa de tardifs et inutiles regrets. « La ville et le promontoire de Lilybée, disait le général romain, appartenait aux Vandales, et je les réclame par droit de conquête. Votre soumission peut mériter les bonnes grâces de l’empereur. Votre obstination excitera son déplaisir, et allumera une guerre qui ne se terminerait que par votre ruine. Si vous nous forcez à reprendre les armes, nous ne combattrons pas seulement pour reconquérir une ville, mais pour vous dépouiller de toutes les provinces que vous avez enlevées injustement à leur légitime souverain. » Une nation de deux cent mille guerriers aurait dû sourire de la vaine menace de Justinien et de son lieutenant ; mais un esprit de discorde et de mécontentement régnait en Italie, et les Goths ne supportaient qu’avec répugnance la honte d’être gouvernés par une femme[1].

Gouvernement d’Amalasonthe, reine d’Italie. A. D. 522-534.

La naissance d’Amalasonthe, régente et reine d’Italie[2], unissait les deux familles les plus illus-

  1. Comparez les divers passages de Procope. (Vandal., l. II, c. 5 ; Goth., l. I, c. 3)
  2. Voyez sur le règne et le caractère d’Amalasonthe, Procope, Gothic., l. I, c. 2, 3, 4 ; et les Anecdotes, c. 16, avec les notes d’Alemannus ; Cassiodore, Variar., VIII, IX,