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forteresse de Lilybée en Sicile[1]. Amalafrida se rendit auprès de Thrasimond, accompagnée de mille nobles, et de cinq mille soldats goths, qui signalèrent leur valeur dans les guerres des Maures. Ces auxiliaires mirent à trop haut prix leurs services, que les Vandales négligèrent peut-être ; ils virent avec jalousie le pays où ils se trouvaient, et les conquérans leur inspirèrent du dédain. Les Vandales prévinrent, par un massacre, l’exécution d’une conspiration réelle ou prétendue : les Goths furent opprimés : Amalafrida fut réduite en captivité ; et sa mort secrète, arrivée bientôt après, excita de violens soupçons. On chargea la plume éloquente de Cassiodore de reprocher à la cour vandale cette infraction cruelle de toutes les lois de la société ; mais tant que l’Afrique était défendue par la mer et que les Goths n’avaient point de marine, on pouvait se rire impunément de la vengeance qu’il annonçait au nom de son souverain. Dans l’aveuglement de leur douleur et de leur indignation, les Goths se réjouirent de l’approche des Romains ; ils approvisionnèrent la flotte de Bélisaire dans les ports de la Sicile, et bientôt, surpris d’un si prompt succès, ils apprirent avec satisfaction ou avec crainte que ce général les avait vengés au-delà de leur espoir, et peut-être de

  1. Lylibée fut bâtie par les Carthaginois (quatre-vingt quinzième olympiade, ann. 4) ; et dans la première guerre punique, la force de sa position et son havre excellent la rendirent une place importante pour les deux nations belligérantes.