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des côtes de l’Océan et de la Méditerranée des troupes romaines qui refusèrent ensuite d’évacuer les places qu’on leur avait remises, à ce qu’il paraîtrait, à titre de sûreté ou d’hypothèque ; et comme elles tiraient des provisions d’Afrique, elles se maintinrent dans ces postes imprenables, d’où l’on pouvait fomenter les troubles civils et religieux qui s’élevaient parmi les Barbares. Soixante-dix ans s’écoulèrent avant qu’on pût arracher cette cruelle épine du sein de la monarchie ; et tant que l’empereur conserva quelques-unes de ces possessions inutiles autant qu’éloignées, sa vanité put compter l’Espagne au nombre de ses provinces, et le successeur d’Alaric au rang de ses vassaux[1].

Bélisaire menace les Ostrogoths de l’Italie. A. D. 534.

L’erreur des Goths qui régnaient en Italie, était encore moins excusable que celle des Goths de l’Espagne, et leur châtiment fut plus immédiat et plus terrible. Entraînés par la vengeance, ils fournirent à leur ennemi le plus dangereux, le moyen de détruire le plus précieux de leurs alliés. Une sœur du grand Théodoric avait épousé Thrasimond, roi d’Afrique[2] : les Vandales obtinrent, par ce mariage, la

  1. Voyez la Chronique originale d’Isidore, et les cinquième et sixième livres de l’Histoire d’Espagne par Mariana. Après la réunion des Visigoths à l’Église catholique, Suintila, leur roi, chassa enfin les Romains de l’Espagne. A. D. 621-626.
  2. Voyez des détails sur le mariage et la mort d’Amalafrida dans Procope (Vandal., l. I, c. 8, 9) ; et dans Cassiod. (Variar., IX, 1) les instances de Théodoric. Comparez les écrivains avec la Chronique de Victor Tunnunensis.