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escaladèrent hardiment la montagne, le camp des ennemis, et arrivèrent au sommet du rocher Géminien. On éleva une citadelle pour garder cette conquête importante, et rappeler aux Barbares leur défaite. Salomon, qui continua sa marche à l’occident, réunit à l’Empire romain la province de la Mauritanie-Sitifi qui s’en trouvait détachée dès long-temps. La guerre des Maures dura plusieurs années après le départ de Bélisaire ; mais les lauriers qu’il laissa cueillir à son fidèle lieutenant doivent être regardés comme une suite de sa victoire.

Neutralité des Visigoths.

Les fautes passées, qui corrigent quelquefois un individu parvenu à un âge mûr, sont rarement utiles aux générations qui se succèdent les unes aux autres. Les nations de l’antiquité, peu occupées de se secourir mutuellement, avaient été successivement vaincues et asservies par les Romains. Instruits par cette terrible leçon, les Barbares de l’Occident auraient dû se confédérer, et par des plans calculés à propos, arrêter l’ambition sans bornes de Justinien. La même erreur se renouvela et produisit les mêmes conséquences ; les Goths de l’Italie et ceux de l’Espagne, sans songer au danger dont ils étaient menacés, virent avec indifférence ou plutôt avec joie, la rapide destruction de l’empire vandale. Après l’extinction de la famille royale, Theudès, chef brave et puissant, était monté sur le trône d’Espagne, qu’il avait gouverné d’abord au nom de Théodoric et du prince son petit-fils. Les Visigoths assiégèrent sous ses ordres la forteresse de Ceuta, sur la côte