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abus. Ces magistrats purent être à charge au public, mais non pas inutiles ; car sous le nouveau gouvernement, qui affectait de faire revivre la liberté et l’équité de la république romaine, les questions subtiles de droit et de possession se multiplièrent sans mesure. L’empereur voulant, au moment de la conquête, tirer de riches contributions des sujets d’Afrique, leur permit de réclamer, même au troisième degré et en ligne collatérale, les maisons et les terres dont les Vandales avaient injustement dépouillé leurs familles. Après le départ de Bélisaire, qui agissait en vertu d’une commission spéciale très-étendue, il n’y eut point de général ordinaire de l’Afrique ; mais la charge de préfet du prétoire fut donnée à un guerrier. Justinien, selon son usage, réunit les pouvoirs civils et militaires en la personne du principal administrateur ; et en Afrique ainsi qu’en Italie, le représentant de l’empereur reçut bientôt le titre d’exarque[1].

Misère et captivité de Gelimer. A. D. 534. Au printemps.

Toutefois la conquête de l’Afrique demeurait imparfaite jusqu’au moment où Gelimer serait livré mort ou vif aux Romains. Ce prince, inquiet du sort de ses armes, avait ordonné secrètement de conduire une partie de son trésor en Espagne ; et il espérait trouver un sûr asile à la cour du roi des Visigoths ; mais son projet fut renversé par le hasard, par la perfidie des siens et l’infatigable poursuite de ses en-

  1. Les lois que publia Justinien, sur l’Afrique, sont éclaircies par son biographe allemand. Cod., l. I, t. XXVII ; Novell. 36, 37, 131 ; vit. Justian., p. 349-377.