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de sa cavalerie, pour rallier ses troupes en désordre et ramener la victoire sous ses drapeaux. Cette bataille irrégulière offrait peu de place aux talens d’un général ; mais le roi s’enfuit devant le héros, et les Vandales, qui n’avaient jamais attaqué que des Maures, ne purent résister aux armes et à la discipline des Romains. Gelimer précipita sa fuite vers les déserts de la Numidie ; il eut du moins la consolation d’apprendre bientôt qu’on avait obéi à ses ordres secrets pour l’exécution d’Hilderic et de ceux de ses partisans qu’il tenait en prison. Cet acte de fureur ne fut utile qu’à ses ennemis. La mort d’un prince légitime excita la compassion du peuple ; sa vie aurait embarrassé les Romains victorieux ; et un crime qui ne coûtait rien à la vertu du lieutenant de Justinien, le délivra de la cruelle alternative de perdre son honneur ou d’abandonner sa conquête.

Réduction de Carthage. A. D. 533. Sept. 15.

Dès que la tranquillité fut rétablie, les divers corps de l’armée romaine s’instruisirent mutuellement des pertes qu’ils avaient faites, et Bélisaire campa sur le champ de bataille qu’on a appelé decimus, parce qu’on y trouvait la dixième borne milliaire depuis Carthage. Craignant avec raison les stratagèmes et les ressources de l’ennemi, il marcha le jour suivant en ordre de bataille, et s’arrêta le soir devant les portes de Carthage ; il accorda à ses troupes une nuit de repos, afin qu’au milieu du désordre et des ténèbres la ville ne fut pas exposée à la licence des soldats, ou que ceux-ci ne tombassent point dans les embuscades qui pouvaient y être cachées. Mais comme les