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la bonté de leurs chevaux et de leur armure, et une pratique assidue des exercices de la guerre, les mettaient en état d’effectuer tout ce que leur inspirait le courage ; et leur courage était exalté par le sentiment de l’honneur de corps auquel se joignaient leurs vues particulières d’ambition et de fortune. Quatre cents des plus braves d’entre les Hérules marchaient sous la bannière de l’actif et fidèle Pharas. Leur valeur intraitable se faisait payer plus chèrement que la servile soumission des Grecs et des Syriens ; et un renfort de six cents Massagètes ou Huns parut si important, qu’on employa la fraude et la supercherie pour les engager dans une expédition navale. Cinq mille cavaliers et dix mille fantassins s’embarquèrent à Constantinople ; mais la plupart des soldats d’infanterie, levés dans la Thrace et l’Isaurie, le cédaient aux cavaliers dont le service était plus général et plus estimé, et les armées de Rome se voyaient alors réduites à placer leur principale confiance dans l’arc des Scythes. Justement jaloux de soutenir la dignité des sujets dont il s’occupe, Procope répond aux critiques de mauvaise humeur, qui ne donnaient le nom de soldats qu’aux guerriers pesamment armés de l’antiquité, et qui observaient avec malice qu’Homère[1] emploie le

  1. Voyez la Préface de Procope. Ceux qui dédaignent les archers, peuvent citer les reproches de Diomède (Iliad., Λ 385, etc.) et le Permittere vulnera ventis de Lucain, VIII, 384. Toutefois les Romains ne pouvaient mépriser les traits des Parthes ; et au siége de Troie, Pandarus, Pâris et