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[Ses services dans la guerre de Perse. A. D. 529-533.]vint à la tête de quarante mille hommes d’élite raser les fortifications de Dara, fixant le jour et l’heure où les citoyens de la ville devaient lui préparer un bain pour se rafraîchir, disait-il, des fatigues de la victoire, trouva un adversaire, son égal par le nouveau titre de général de l’Orient, son supérieur dans l’art de la guerre, mais son inférieur dans le nombre et la qualité de ses soldats, qui se bornaient à vingt-cinq mille Romains ou étrangers relâchés dans leur discipline et humiliés par des défaites récentes. La plaine unie de Dara n’offrant aucun lieu couvert qui pût servir à un stratagème ou cacher une embuscade, Bélisaire plaça le front de ses troupes derrière une large tranchée qui se prolongeait d’abord en lignes perpendiculaires et ensuite en lignes parallèles, pour couvrir les ailes de la cavalerie qui dominaient les flancs et les derrières de l’ennemi. Une charge rapide et une évolution bien combinée de cette cavalerie, au moment où le centre des Romains était ébranlé, détermina la victoire. L’étendard de Perse tomba, les immortels prirent la fuite, l’infanterie jeta ses boucliers, et les vaincus laissèrent huit mille morts sur le champ de bataille. L’année suivante, l’ennemi pénétra en Syrie du côté du désert, et Bélisaire partit de Dara avec vingt mille hommes pour aller au secours de la province. Ses savantes dispositions rendirent vains, durant tout l’été, les projets des ennemis ; il les harcela dans leur retraite. Chaque nuit il occupait le camp qu’ils avaient occupé la veille, et il se serait assuré la victoire