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la méthode imparfaite de distinguer chaque année du nom d’un magistrat, et l’on établit une ère permanente : les Grecs comptèrent depuis la création du monde, selon la version des Septante[1] ; et la naissance de Jésus-Christ fut, depuis le siècle de Charlemagne[2], l’ère adoptée par les Latins.

  1. Selon Julius-Africanus, etc., le monde fut créé le premier septembre, 5508 ans trois mois et vingt-cinq jours avant la naissance de Jésus-Christ. Voyez Pezron, Antiquité des Temps défendue, p. 20-28 ; et les Grecs, les chrétiens de l’Orient et même les Russes, jusqu’au règne de Pierre Ier, ont adopté cette ère. Cette période, quoique arbitraire, est nette et commode. Des sept mille deux cent quatre-vingt-seize ans qu’elle suppose écoulés depuis la création, on trouve trois mille années d’ignorance et de ténèbres, deux mille fabuleuses ou incertaines, mille de l’Histoire ancienne qui commence à l’empire de Perse et aux républiques d’Athènes et de Rome ; mille depuis la chute de l’Empire romain en Occident jusqu’à la découverte de l’Amérique ; et les deux cent quatre-vingt-seize autres offrent trois siècles de l’état moderne de l’Europe et du genre humain. Je regrette cette chronologie, bien préférable à notre méthode confuse, qui compte les années antérieures et les années postérieures à l’ère chrétienne.
  2. L’ère de la création du monde a prévalu en Orient depuis le sixième concile général, A. D. 681. L’ère chrétienne des peuples de l’Occident fut inventée dans le sixième siècle ; l’autorité et les ouvrages du vénérable Bède la propagèrent dans le huitième ; mais elle n’est devenue légale et populaire qu’au dixième. Voyez l’Art de vérifier les dates, Dissert, prélimin., p. 3, 12 ; Dictionn. diplom., t. I, p. 329-337, composé par une société laborieuse de Bénédictins.