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de la république destinés à exercer au sénat et dans le camp, durant la paix ou durant la guerre, cette autorité transférée depuis aux empereurs. Le souvenir d’un si beau titre en imposa long-temps aux Romains et aux Barbares ; et le consulat de Théodoric paraît à un historien goth le comble de la gloire et de la grandeur[1]. Le roi d’Italie félicite lui-même ces favoris annuels de la fortune qui jouissent de l’éclat du trône sans en avoir les soucis. Dix siècles s’étaient écoulés depuis Brutus, et les souverains de Rome et de Constantinople créaient encore deux consuls, uniquement pour donner une date à l’année et une fête au peuple ; mais les dépenses de cette fête, où l’opulence et la vanité des titulaires les portaient toujours à vouloir surpasser leurs prédécesseurs, parvinrent insensiblement à la somme énorme de quatre-vingt mille livres sterling : les plus sages parmi les sénateurs refusaient un honneur inutile acheté de la ruine de leur famille ; et il me semble qu’on peut expliquer ainsi les lacunes multipliées qu’on trouve dans la dernière période des fastes consulaires. Les prédécesseurs de Justinien avaient aidé du trésor public les candidats les moins opulens ; ce prince avare aima mieux leur recommander l’économie et faire des règlemens sur les frais de l’inauguration[2]. Son édit réduisit à sept les courses de

  1. Cassiodore, Variar., VI, 1 ; Jornandès, c. 57, p. 696, édit. Grot. Quod summum bonum primumque in mundo decus edicitur.
  2. Voyez les règlemens de Justinien (Novell. 105), datés