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chercher dans une terre étrangère la liberté qu’on leur ôtait dans leur patrie. Ils avaient ouï dire et ils avaient la simplicité de croire que la république de Platon se trouvait sous le gouvernement despotique de la Perse, et qu’un roi patriote y régnait sur la plus fortunée et la plus vertueuse des nations. Ils ne tardèrent pas à voir que la Perse ressemblait à toutes les contrées du monde ; que Chosroès, malgré la philosophie qu’il affectait, était vain, cruel, et ambitieux ; que le fanatisme et l’esprit d’intolérance dominaient parmi les mages ; que les nobles étaient orgueilleux, les courtisans serviles, et les magistrats injustes ; que le coupable échappait quelquefois et qu’on opprimait souvent l’innocent. Ainsi désabusés, ils se montrèrent peu équitables sur les vertus réelles des Perses : la pluralité des femmes et des concubines, les mariages incestueux et la coutume d’exposer les morts aux chiens et aux vautours, au lieu de les cacher dans la terre ou de les consumer par le feu, les scandalisèrent plus peut-être qu’il ne convenait à leur profession. Leur retour précipité annonça leur repentir, et ils déclarèrent hautement qu’ils aimaient mieux mourir sur la frontière de l’empire que de jouir de la fortune et des richesses à la cour d’un Barbare. Ce voyage cependant leur valut un bienfait qui honore beaucoup Chosroès. Il exigea que les sept sages qui étaient venus visiter sa cour fussent affranchis des lois pénales publiées par Justinien contre ses sujets païens ; et ce puissant médiateur veilla avec soin au maintien de ce privilége qu’il avait ex-