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de la métaphysique, et il osa proposer dix-huit argumens contre la doctrine des chrétiens sur la création du monde ; mais dans les intervalles de ses études, il conversait personnellement avec Pan, Esculape et Minerve, aux mystères desquels il était secrètement initié, et dont il adorait les statues renversées, persuadé qu’un philosophe, citoyen de l’univers, doit être lui-même le prêtre de ses dieux. Sa mort lui fut annoncée par une éclipse de soleil, et sa vie, ainsi que celle d’Isidore, son élève[1], compilée par deux de leurs savans disciples, offre un tableau déplorable de la seconde enfance de la raison humaine ; [Ses successeurs. A. D. 485-529.]mais ce qu’on appelait avec complaisance la chaîne d’or de la succession platonique, se prolongea encore l’espace de quarante-quatre ans, depuis la mort de Proclus jusqu’à l’édit de Justinien[2], qui imposa un silence éternel aux écoles d’Athènes et remplit de douleur et d’indignation le petit nombre de ceux qui demeuraient attachés à la science et à la superstition des Grecs. Sept philosophes que réunissait l’amitié, Diogènes et Hermias, Eulalius et Priscien, Damascius, Isidore et Simplicius, qui n’adoptaient pas la religion de leur souverain, prirent la résolution de

  1. La vie d’Isidore a été composée par Damascius, ap. Photius, Cod. 242, p. 1028-1076. (Voyez le dernier âge des philosophes païens, dans Brucker, t. II, p. 341-351.)
  2. Jean Malala (t. II, p. 187, sur Decio Cos. Sol.) et une Chronique anonyme de la Bibliothéque du Vatican (apud Alcman., p. 106), rapportent la suppression des écoles d’Athènes.