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athéniens étaient payés par leurs disciples ; il paraît que le prix variait d’une mine à un talent, selon l’habileté du maître et la fortune de l’élève ; et Isocrate lui-même, qui se moquait de la cupidité des sophistes, exigeait environ trente livres sterling de chacun de ses cent disciples. Le salaire de l’industrie est juste et noble ; cependant ce même Isocrate versa des larmes lorsqu’il le reçut pour la première fois. Le stoïcien pouvait rougir de recevoir un salaire pour prêcher le mépris de l’argent ; et je serais fâché de découvrir qu’Aristote ou Platon eussent assez dégénéré de Socrate, leur maître, pour vendre la science à prix d’or : mais les lois avaient autorisé les écoles de philosophie d’Athènes à recevoir quelques donations et quelques legs de terres et de maisons. Épicure avait laissé à ses disciples les jardins qu’il avait achetés quatre-vingts mines, ou deux cent cinquante livres sterling ; il leur transmit de plus un fonds qui suffisait à leur frugale nourriture et aux fêtes qu’ils célébraient tous les mois[1]. Le patrimoine de Platon forma le fonds d’un revenu annuel qui, d’abord de trois pièces d’or, s’accroissant peu à

  1. Voyez le Testament d’Épicure dans Diogène Laërce (l. X, segm. 16-20, p. 611, 612). Une seule épître (Cicero ad Familiar., XIII, 1) fait connaître l’injustice de l’Aréopage, la fidélité des épicuriens, la politesse habile de Cicéron, et le mélange d’estime et de mépris qu’avaient les sénateurs romains pour la philosophie et les philosophes de la Grèce.