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conviennent à un état populaire, qui excite la liberté des recherches, et ne se soumet qu’à la force de la persuasion. Dans les républiques de la Grèce et de Rome, le patriotisme et l’ambition n’avaient pas de moyen plus puissant que l’art de la parole : les écoles de rhétorique étaient le séminaire des hommes d’état et des législateurs. À l’époque où l’on ne permit plus les discussions publiques, l’orateur pouvait, dans la noble profession d’avocat, plaider la cause de l’innocence et de la justice ; il pouvait abuser de ses talens dans le commerce plus utile des panégyriques ; et les mêmes règles dictaient encore les vaines déclamations du sophiste, et les beautés plus pures des compositions historiques. Les systèmes qui avaient la prétention de développer la nature de Dieu, celle de l’homme et de l’univers, amusaient la curiosité de l’étudiant en philosophie ; et selon la disposition de son esprit, il se livrait au doute avec les sceptiques, il tranchait les questions avec les stoïciens, il élevait ses idées avec Platon, ou il s’asservissait à la dialectique rigoureuse d’Aristote. L’orgueil de ces sectes rivales indiquait un point de bonheur et de perfection morale qu’il était impossible d’atteindre ; mais les efforts, pour y parvenir, étaient glorieux et utiles : les disciples de Zénon et même ceux d’Épicure savaient agir et supporter la douleur. La mort de Pétrone, ainsi que celle de Sénèque, servit à humilier un tyran, par la découverte de son impuissance. Les murs d’Athènes ne pouvaient emprisonner la lumière. Ses incomparables écrivains s’adressaient à tous