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d’un conquérant russe[1], couvrait entièrement le front des montagnes. D’après une description moderne, des pierres de sept pieds d’épaisseur, sur une longueur ou une hauteur de vingt-un, et réunies sans fer et sans ciment, forment un mur qui se prolonge à plus de trois cents milles des côtes de Derbend, par-dessus les collines et à travers les vallées du Daghestan et de la Géorgie. Sans supposer une vision, on peut croire que la politique de Cabades le porta à entreprendre ce grand ouvrage : sans supposer un miracle, on peut imaginer qu’il fut achevé par son fils, si redoutable aux Romains sous le nom de Chosroès, et si cher aux Orientaux sous celui de Nushirwan. Le monarque persan tenait en ses mains les clefs de la paix et de la guerre ; mais il stipula dans tous les traités, que Justinien contribuerait aux dépenses d’une barrière commune, qui mettrait les deux empires à l’abri des incursions des Scythes[2].

    neuvième siècle alla sérieusement reconnaître. (Géograph. Nubiensis, p. 267-270, Mém. de l’Acad. des inscript., t. XXXI, p. 210-219).

  1. Voyez une savante Dissertation de Baier (De muro Caucaseo, in Comment. Acad. Petropol., ann. 1726, t. I, p. 425-463) ; mais on n’y trouve ni carte ni plan. Lorsque le czar Pierre Ier s’empara de Derbend en 1722, on mesura la muraille, et on trouva trois mille deux cent quatre-vingt-cinq orgygiæ ou brasses de Russie, chacune de sept pieds, en tout un peu plus de quatre milles.
  2. Voyez les Fortifications et le Traité de Chosroès ou de Nushirwan, dans Procope (Persic., l. I, c. 16, 22 ; l. II), et dans Herbelot, p. 682.