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encore, et la prudence imparfaite de Gondebaut lui abandonnait le gouvernement subordonné de la principauté de Genève. Le monarque arien fut justement alarmé de la joie et des espérances dont la conversion de Clovis semblait animer ses peuples et son clergé ; et Gondebaut, convoqua, dans la ville de Lyon, une assemblée de ses évêques pour concilier, s’il était possible, les querelles politiques et religieuses. Les chefs des deux factions se réunirent dans une inutile conférence. Les ariens reprochèrent aux catholiques qu’ils adoraient trois dieux, et les catholiques se défendirent par des distinctions théologiques. Les demandes, les objections et les réponses accoutumées furent rejetées de l’un à l’autre parti avec des clameurs opiniâtres, jusqu’au moment où le monarque révéla ses craintes par une question inopinée, mais positive, qu’il adressa aux évêques orthodoxes. « Si vous professez véritablement la religion chrétienne, pourquoi ne retenez-vous pas le roi des Francs ? il m’a déclaré la guerre, il fait des alliances avec mes ennemis et médite avec eux ma destruction. Une âme avide et sanguinaire n’annonce point une pieuse conversion. Qu’il prouve la sincérité de sa foi par l’équité de sa conduite. » Avitus, évêque de Vienne, du ton et de l’air d’un ange, répondit au nom de ses confrères : « Nous ignorons les motifs et les intentions du roi des Francs ; mais l’Écriture nous apprend que les royaumes qui abandonnent la loi divine ne tardent pas à être détruits ; et que ceux qui se déclarent les ennemis de Dieu