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resses à emporter péniblement l’une après l’autre, découragea les Barbares ; et les fortifications de l’isthme de Corinthe couvrirent les villes ouvertes du Péloponnèse. À l’extrémité de l’Europe, une autre péninsule, la Chersonèse de Thrace, se projette dans la mer à trois journées de chemin ; la pointe de cette péninsule et les côtes adjacentes de l’Asie forment, en se rapprochant, le détroit de l’Hellespont. Des bois élevés, de beaux pâturages et des terres propres à la culture, remplissaient les intervalles qui se trouvaient entre onze villes populeuses, et l’isthme dans toute sa longueur de trente-sept stades avait été fortifié par un général Spartiate, neuf siècles avant le règne de Justinien[1]. Dans un temps de liberté et de valeur, la plus faible muraille empêchait une surprise ; et Procope semble ne pas sentir cette supériorité des anciens, lorsqu’il donne des éloges à la solide construction et au double parapet d’un rempart, dont les longs bras se prolongeaient des deux côtés dans la mer, mais qu’on aurait trouvé trop faible pour garder la Chersonèse, si chaque ville, et entre autres Sestos et Gallipoli, n’avait eu ses fortifications particulières. La longue muraille, ainsi qu’elle fut pompeusement appelée, était un ouvrage aussi honteux par son objet qu’imposant par son exécution. Les richesses d’une capitale se répandent sur

  1. Xénophon, Hellenic., l. III, c. 2. Après une longue et ennuyeuse conversation avec les déclamateurs byzantins, qu’il est agréable de retrouver la vérité, la simplicité et l’élégance d’un écrivain attique !