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core aujourd’hui la résidence d’un sangiak turc[1]. On éleva en peu de temps, pour l’usage des compatriotes de l’empereur, un palais, un aqueduc et une cathédrale ; les édifices publics et particuliers répondirent à l’importance d’une ville royale ; et la force des murs résista pendant la vie de Justinien aux attaques mal habiles des Huns et des Esclavons. Les innombrables châteaux qui semblaient couvrir toute la surface du pays, dans les provinces de la Dacie, de l’Épire, de la Thessalie, de la Macédoine et de la Thrace, retardèrent quelquefois leurs progrès, ou trompèrent leurs espérances de butin. Six cents de ces forts furent construits ou réparés par Justinien ; mais il y a lieu de croire que la plus grande partie n’était qu’une tour de pierre ou de brique, placée au milieu d’une aire carrée ou circulaire, qu’environnaient un mur et un fossé, et qui, dans un moment de danger, offrait une sorte d’asile aux paysans et au bétail des villages voisins[2]. Toutefois ces ouvrages, qui épuisaient le trésor public, ne pouvaient dissiper les justes craintes de l’empereur et de ses sujets d’Europe. On mit en sûreté les bains

  1. Voy. d’Anville (Mém. de l’Acad. des inscript., t. XXXI, p. 289, 290) ; Rycaut (État présent de l’emp. ottom., p. 97, 316) ; Marsigli (Stato militare del imperio ottomano, p. 130). Le sangiak de Giustendil est un des vingt qui dépendent du Beglerbey de Romélie. On trouve dans son district quarante-huit zaïms, et cinq cent quatre-vingt-huit timariots.
  2. On peut comparer ces fortifications aux châteaux de la Mingrelie (Chardin, Voyages en Perse, t. I, p. 60-131) ; et en effet elles leur ressemblent beaucoup.