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forts, et il fallut élargir les chemins pour le transport de ces masses énormes. Le Liban fournit, pour la charpente de l’église, ses cèdres les plus élevés ; un marbre rouge, qu’on découvrit à peu de distance, fournit de belles colonnes ; et deux de ces colonnes, qui soutenaient le portique extérieur, passaient pour les plus grosses du monde entier. La pieuse munificence de l’empereur se répandit sur la Terre-Sainte ; et si la raison condamne les monastères construits ou réparés par Justinien, la charité lui doit des éloges sur les puits qu’il fit creuser, et les hôpitaux qu’il fonda pour le soulagement des pèlerins fatigués. Il accorda peu de faveurs aux Égyptiens schismatiques ; mais dans la Syrie et en Afrique, il répara quelques-uns des maux causés par les guerres et les tremblemens de terre. Carthage et Antioche, renaissantes de leurs ruines, durent révérer le nom de leur bienfaiteur[1]. Presque tous les saints du calendrier obtinrent les honneurs d’une église ; presque toutes les villes de l’empire furent utilement ornées de ponts, d’hôpitaux et d’aquéducs ; mais la sévère libéralité du prince ne voulut point favoriser dans ses sujets le luxe des bains et des théâtres. Tandis que Justinien travaillait pour le public, il n’oubliait ni sa dignité ni sa commodité. Le palais de Byzance, endommagé par l’incendie, fut réparé avec une somptuosité nou-

  1. Après le tremblement de terre qui bouleversa Antioche, Justinien donna quarante-cinq centenaires d’or (cent quatre-vingt mille livres sterling) pour réparer cette ville. Jean Malala, t. II, p. 146-149.