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nien s’écria avec une pieuse vanité : « Gloire à Dieu qui m’a jugé digne d’achever un si grand ouvrage ! Ô Salomon ! je t’ai vaincu[1] ». Mais vingt ans ne s’étaient pas écoulés, qu’un tremblement de terre qui renversa la partie orientale de la coupole, humilia bientôt l’orgueil du Salomon romain. Sa persévérance répara ce désastre, et la trente-sixième année de son règne, il fit pour la seconde fois la dédicace d’un temple qui, après douze siècles, offre encore un monument imposant de sa gloire. L’architecture de Sainte-Sophie, devenue la principale mosquée de Constantinople, a été imitée par les sultans turcs, et cet édifice continue à exciter l’enthousiasme des Grecs et la curiosité plus raisonnable des voyageurs européens. [Description de Sainte-Sophie.]L’œil est blessé de l’aspect irrégulier de ses demi-dômes et de ses combles obliques ; la façade occidentale, du côté de la principale avenue, manque de simplicité et de magnificence, et plusieurs cathédrales latines ont une beaucoup plus grande dimension ; mais l’architecte qui éleva le premier une coupole dans les airs, mérite des éloges pour cette conception hardie et la manière savante

  1. Le temple de Salomon était environné de cours, de portiques, etc. ; mais cette célèbre maison de Dieu n’avait que cinquante-cinq pieds de hauteur, trente-six deux tiers de largeur, cent dix de longueur (si nous supposons la coudée égyptienne ou hébraïque de vingt-deux pouces). Prideaux (Connection, vol. I, p. 144, in-fol.) observe avec raison qu’une petite église de paroisse est aussi grande ; mais peu de sanctuaires peuvent être évalués à 4 ou 5 millions st.