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ploya le génie d’Anthemius et celui d’Isidore de Milet son collégue. Les deux architectes soumettaient à l’empereur leurs plans et les difficultés qu’ils y voyaient, et ils avouaient modestement que leurs pénibles méditations n’approchaient pas des lumières subites et de la céleste inspiration d’un prince qui tournait toutes ses vues vers le bonheur de ses sujets, la gloire de son règne et le salut de son âme[1].

Reconstruction de l’église de Sainte-Sophie.

Le feu avait détruit deux fois la principale église Constantinople, dédiée par le fondateur de cette ville à sainte Sophie ou à l’éternelle sagesse. Le premier incendie arriva après l’exil de saint Jean Chrysostôme, et le second durant Nika ou l’émeute des Bleus et des Verts. Dès que la sédition fut apaisée, la populace chrétienne déplora son audace sacrilége ; mais elle se serait réjouie de ces malheurs, si elle eût prévu l’éclat du nouveau temple que fit commencer Justinien quarante jours après, et dont sa piété poursuivit les travaux avec ardeur[2]. On en-

  1. Voyez Procope, De ædific., l. I, c. 1, 2 ; l. II, c. 3. Il rapporte plusieurs songes qui s’accordent si bien, qu’il faut douter de la véracité de Justinien ou de celle de son architecte. Dans une de leurs visions ils conçurent l’un et l’autre le même plan pour arrêter une inondation à Dara. Une carrière de pierres placée près de Jérusalem, fut révélée à l’empereur, l. V, c. 6. On obligea, par un miracle, un ange à se charger de la garde continuelle de Sainte-Sophie. (Anonym., De antiq., C. P., l. IV, p. 70).
  2. Parmi la foule des anciens et des modernes qui ont célébré la magnifique église de Sainte-Sophie, je distinguerai et je suivrai, 1o. quatre spectateurs et historiens ori-