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était environnée de la mer, et couverte par le cristal solide du firmament[1].

Revenus de l’empire d’Orient.

IV. Le malheur des temps et la mauvaise administration de Justinien, mécontentaient ses sujets. L’Europe était inondée de Barbares, et l’Asie de moines : la pauvreté de l’Occident décourageait le commerce et les manufactures de l’Orient. Les inutiles serviteurs de l’Église, de l’État et de l’armée, consumaient les fruits du travail, sans rien ajouter à la richesse de la nation ; et les capitaux, fixes ou circulans qui composent cette richesse, décrurent avec rapidité. L’économie d’Anastase avait soulagé la misère publique, et ce sage empereur avait accumulé un immense trésor dans le temps même où il affranchissait son peuple des taxes les plus odieuses et les plus oppressives. On le félicita de toutes parts

  1. Cosmas, surnommé Indicopleustes ou le Navigateur indien, fit son voyage vers l’an 522, et composa à Alexandrie, entre l’année 535 et l’année 547, sa Topographie chrétienne (Montfaucon, Præfat., c. 1), où il réfute l’opinion impie de ceux qui pensaient que la terre est un globe. Photius avait lu cet ouvrage (Cod. 36, p. 9, 10), où l’on trouve les préjugés d’un moine et les lumières d’un marchand. Melchisedec Thevenot (Relations curieuses, part. I) a donné en français et en grec la partie la plus précieuse du voyage de Cosmas ; et le père Montfaucon a publié depuis le Voyage entier (Nova Collectio patrum, Paris, 1707, 2 vol. in-fol., t. II, p. 113-346) ; mais cet éditeur théologien a été sans doute un peu honteux de n’avoir pas aperçu que Cosmas était nestorien ; ce qu’a découvert La Croze (Christianisme des Indes, t. I, p. 40-56).