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la route difficile et périlleuse de Samarcande à la première ville du Chensi, ne pouvait se faire en moins de soixante, quatre-vingts ou cent jours. Dès qu’elles avaient passé le Jaxarte, elles entraient dans le désert ; et les hordes vagabondes qu’on y trouve, à moins qu’elles ne fussent contenues par des armées et des garnisons, ont toujours regardé comme un gain légitime le butin qu’elles faisaient sur les citoyens et les voyageurs. Afin d’échapper aux voleurs tartares et aux tyrans de la Perse, les marchands de soie se portaient plus au sud ; ils traversaient les montagnes du Thibet, descendaient le Gange ou l’Indus, et attendaient patiemment dans les ports du Guzerate et de la côte de Malabar, les vaisseaux que l’Occident y envoyait tous les ans[1]. Les dangers du désert paraissaient moins à craindre que la fatigue, la faim et la perte de temps qu’occasionnait cette route ; on la prenait rarement : le seul Européen qui ait suivi ce chemin peu fréquenté, s’applaudit de sa diligence, sur ce que neuf mois après son départ de Pékin, il arriva à l’embouchure de l’Indus. L’Océan offrait cependant une libre communication aux différens peuples de la terre : du

  1. Les chemins qu’on suivait pour venir de la Chine dans la Perse et l’Indostan, se trouvent dans les Relations de Hackluyt et de Thevenot (les ambassadeurs de Sharokh, Antoine Jenkinson, le père Greuber, etc.). Voyez aussi Hanway’s Travels, vol. I, p. 345-357. Le gouverneur de nos établissemens dans le Bengale a fait partir dernièrement des voyageurs qui ont cherché une communication par le Thibet.