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vales. Le grand roi comptait fièrement la Sogdiane et la Sérique parmi les provinces de son empire ; mais l’Oxus était la borne de ses domaines, et les utiles échanges que faisaient ses sujets avec les Sogdiens dépendaient de la volonté de leurs vainqueurs, les Huns blancs et les Turcs, qui donnèrent successivement des lois à ce peuple industrieux. Cependant la domination de ces sauvages conquérans ne put anéantir l’agriculture et le commerce dans un pays qui passe pour l’un des quatre jardins de l’Asie. Les villes de Samarcande et de Bochara sont bien situées pour le commerce de ces diverses productions, et leurs négocians achetaient des Chinois[1] les soies écrues ou manufacturées, qu’ils conduisaient en Perse pour l’usage de l’Empire romain. L’orgueilleuse capitale de la Chine recevait les caravanes des Sogdiens comme des ambassades de royaumes tributaires ; et lorsque ces caravanes revenaient saines et sauves dans leur patrie, un bénéfice exorbitant les récompensait de ce hasardeux voyage ; mais

  1. L’aveugle admiration des jésuites confond les diverses époques de l’histoire des Chinois. M. de Guignes a soin de les distinguer (Hist. des Huns, t. I, part. I dans les Tables, et part. II dans la Géographie ; Mém. de l’Acad. des insript., t. XXXII, XXXVI, XLII, XLIII). Il a découvert les progrès insensibles de la vérité des Annales, et l’étendue de la monarchie jusqu’à l’ère chrétienne. Il a recherché les liaisons des Chinois avec les nations de l’Occident ; mais ces liaisons étaient faibles, précaires, et il reste de l’obscurité sur ce point. Les Romains ne soupçonnèrent jamais que l’empire de la Chine fût presque aussi étendu que le leur.