Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.

différence qui devait se trouver entre l’habillement des comédiennes et celui des sénateurs ; et les sujets de Justinien consommaient la plus grande partie des soies qu’ils tiraient de la Chine. Ils connaissaient mieux encore un coquillage de la Méditerranée, appelé la pinne marine. La belle laine ou les fils de soie qui attachent aux rochers le coquillage d’où se tire la perle, n’est guère employée aujourd’hui qu’à des ouvrages de curiosité, et un empereur romain donna aux satrapes d’Arménie une robe composée de cette singulière matière[1].

Importation des soies de la Chine par terre et par mer.

Une marchandise qui renferme un grand prix dans un petit volume, supporte les frais d’un transport par terre, et les caravanes traversaient en deux cent quarante-trois jours toute l’Asie, de la mer de la Chine à la côte de Syrie. Les négocians de la Perse se rendaient aux foires d’Arménie et de Nisibis[2], et livraient la soie aux Romains : mais ce commerce que gênaient, en temps de paix, l’avarice et la jalousie, se trouvait absolument interrompu par les longues guerres que se livraient les monarchies ri-

  1. Procope, De ædific., l. III, c. 1. On trouve la pinne marine près de Smyrne, en Sicile, en Corse et à Minorque. On fit présent au pape Benoît XIV d’une paire de gants fabriqués avec des fils de ce coquillage.
  2. Procope, Persic., l. I, c. 20 ; l. II, c. 25 ; Gothic., l. IV, c. 17 ; Menander, in Excerpt. legat., p. 107. Isidore de Charax (in Stathmis Parthicis, p. 7, 8, in Hudson, Geogr. minor., t. II) a indiqué les routes, et Ammien-Marcellin (l. XXIII, c. 6, p. 400) a donné le nombre des provinces de l’empire des Parthes ou des Persans.