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inventées par une femme pour l’usage de son sexe, furent long-temps admirées dans l’Orient et à Rome. Quoique les vêtemens des Mèdes et des Assyriens donnent lieu à des conjectures sur cet objet, Virgile est le premier qui ait indiqué expressément la douce laine qu’on tirait des arbres des Seres ou des Chinois[1] ; et la connaissance d’un insecte précieux, le premier ouvrier du luxe des nations, rectifia peu à peu cette erreur bien naturelle et moins étonnante que la vérité. Les plus graves d’entre les Romains se plaignaient, sous le règne de Tibère, de l’usage des étoffes de soie ; et Pline a condamné, en style recherché, mais énergique, cette soif de l’or qui mène l’homme jusqu’aux extrémités de la terre pour exposer aux yeux du public des vêtemens qui ne vêtissent pas et des matrones nues quoique habillées[2]. Un vêtement qui laissait voir le contour des formes ou la couleur de la peau, satisfaisait la vanité

  1. Géorgiques II, 121. Serica quando venerint in usum planissimè non scio : suspicor tamen in Julii Cæsaris ævo, nam ante non invenio, dit Juste-Lipse, Excursus I, ad Tacit., Annal., II, 32. Voyez Dion-Cassius (l. 43, p. 358, édit. Reimar.), et Pausanias (l. VI, p. 519), le premier qui décrive, quoique d’une manière bizarre, l’insecte des Chinois.
  2. Tam longinquo orbe petitur, ut in publico matrona transluceat… in denudet fœminas vestis. Pline, l. VI, 20 ; XI, 21. Varron et Publius Syrius avaient déjà fait de la toga vitrea, du ventus textilus et de la nebuia linea, l’objet de leurs satires. Horat., Sermon., I, 2, 101 : avec les Notes de Torrentius et de Dacier.