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légère injure, les avait entraînés à conspirer avec leurs implacables ennemis, contre un bienfaiteur généreux et affectionné ; ils proclamèrent de nouveau le nom de Justinien, et les Verts furent laissés seuls dans l’Hippodrome, avec leur nouvel empereur. [La sédition est réprimée.]La fidélité des gardes était incertaine ; mais Justinien avait d’ailleurs trois mille vétérans formés, dans les guerres de Perse et d’Illyrie, à la valeur et à la discipline. Ils se séparèrent en deux divisions sous les ordres de Bélisaire et de Mundus, sortirent en silence du palais, se firent un chemin à travers des passages obscurs, au milieu des flammes mourantes et des édifices qui s’écroulaient, et parurent au même instant aux deux portes de l’Hippodrome. Dans cet espace resserré, une multitude effrayée et en désordre ne pouvait résister à une attaque régulière ; les Bleus voulurent signaler leur repentir ; ils ne firent ni distinction ni quartier, et l’on calcule que le massacre de cette journée s’éleva à plus de trente mille personnes. Hypatius, arraché de son trône, et son frère Pompée, furent conduits aux pieds de l’empereur : ils implorèrent sa clémence ; mais leur crime était manifeste, leur innocence douteuse, et Justinien avait été trop effrayé pour pardonner. Le lendemain, les deux neveux d’Anastase, et dix-huit de leurs complices, patriciens ou consulaires, furent exécutés secrètement par les soldats ; on jeta leurs corps dans la mer, leurs palais furent rasés et leurs biens confisqués. Un arrêt condamna, plusieurs an-