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de trouver dans les désordres publics le fondement de son élévation ; mais il est de l’intérêt autant que du devoir d’un souverain de maintenir l’autorité des lois. Le premier édit de Justinien, renouvelé souvent et exécuté quelquefois, annonce une ferme résolution de soutenir les innocens et de châtier les coupables sans aucune distinction de titres ou de couleurs ; mais les affections secrètes, les habitudes et les craintes de l’empereur firent toujours pencher du côté des Bleus la balance de la justice. Après une apparence de combat, son équité se soumit sans répugnance à l’implacable ressentiment de Théodora, et l’impératrice n’oublia ou ne pardonna jamais les insultes qu’avait reçues la comédienne. Justin le jeune annonça, en montant sur le trône, qu’il rendrait à tous une justice impartiale et rigoureuse ; il condamna d’une manière indirecte la partialité du règne précédent. « Bleus, disait-il, souvenez-vous que Justinien n’est plus ; Verts, il existe toujours[1]. »

Sédition de Constantinople, à laquelle on a donné le nom de Nika. A. D. 532. Janvier.

Une sédition qui réduisit en cendres presque toute la ville de Constantinople, n’avait eu d’autre cause que la haine mutuelle et la réconciliation momen-

    p. 139) raconte la mort tragique du préfet de Constantinople.

  1. Voyez Jean Malala, t. II, p. 147. Il avoue que Justinien était attaché aux Bleus. Procope (Anecdot., c. 10) voit peut-être avec trop de raffinement et un esprit trop soupçonneux, la discorde apparente de l’empereur et de Théodora. (Lisez Aleman., Præfat., p. 6.)