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de jeunes garçons d’une figure agréable ; on attentait à la pudeur des femmes sous les yeux de leurs maris, et quelques-unes se tuèrent pour échapper à l’infamie[1]. Les Verts, persécutés par leurs ennemis, et abandonnés par les magistrats, se crurent permis de pourvoir eux-mêmes à leur propre défense, et peut-être d’user de représailles ; mais ceux qui survécurent au combat, furent traînés sur un échafaud ; d’autres se réfugièrent dans les bois et les cavernes, d’où ils ne sortaient que pour vivre aux dépens de cette société qui les avait chassés de son sein. Ceux des ministres de la justice qui se montrèrent assez courageux pour punir les crimes et braver le ressentiment des Bleus, furent les victimes de l’imprudence de leur zèle ; un préfet de Constantinople chercha un asile à Jérusalem ; un comte de l’Orient fut ignominieusement battu de verges, et un gouverneur de Cilicie fut pendu, par ordre de Théodora, sur le tombeau de deux assassins qu’il avait condamnés pour le meurtre d’un de ses valets, et un attentat contre sa propre vie[2]. Un ambitieux peut se flatter

  1. Une femme, dit Procope, qui fut enlevée et presque violée par un Bleu, se précipita dans le Bosphore. Les évêques de la seconde Syrie (Aleman., p. 26) racontent avec douleur un suicide du même genre, que l’on peut appeler, comme on voudra, la gloire ou le crime de la chasteté. Ils nomment l’héroïne.
  2. Le témoignage suspect de Procope (Anecdotes, c. 17) est appuyé de celui d’Evagrius, auteur moins partial, qui confirme le fait et qui dit les noms. Jean Malala (t. II,