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rante chars s’élançaient au même instant ; le vainqueur obtenait une couronne de laurier, et des vers lyriques, plus durables que les monumens de marbre et d’airain, célébraient sa gloire, celle de sa famille et de son pays ; mais à Rome, le sénateur ou même le citoyen qui se respectait, aurait rougi de montrer dans le Cirque sa personne ou ses chevaux. Les jeux se donnaient aux frais de la république, des magistrats ou des empereurs ; mais on abandonnait les rênes des coursiers à des mains serviles ; et si les profits d’un conducteur de char, chéri du peuple, excédaient quelquefois ceux d’un avocat, on doit les regarder comme une suite de l’extravagance publique, et le riche salaire d’une profession déshonorée. Le prix ne se disputa d’abord qu’entre deux chars ; le conducteur du premier était vêtu de blanc, et le second de rouge. On y ajouta ensuite deux autres chars dont les livrées étaient un vert clair et un bleu de ciel ; et les courses se répétant vingt-cinq fois, cent chars contribuaient le même jour à la pompe du Cirque. Les quatre factions ne tardèrent pas à obtenir la sanction de la loi, et on leur supposa une origine mystérieuse. On dit que les quatre couleurs, adoptées sans dessein, venaient des divers aspects qu’offre la nature dans les quatre saisons ; qu’elles

    vivant des courses de chars chez les Grecs, des mœurs, des passions et du courage de ceux qui se présentaient dans la carrière. La dissertation de West sur les jeux Olympiques (sect. 12-17), donne sur ce point des détails curieux et authentiques.