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vivacité de ses yeux exprimait sur-le-champ toutes les sensations ; ses mouvemens aisés développaient les grâces d’une taille élégante quoique peu élevée ; et l’amour ou l’adulation pouvait défier le pinceau du peintre et celui du poète de rendre l’incomparable perfection de ses formes ; mais tous ces charmes étaient avilis par sa facilité à les exposer en plein théâtre et à les prostituer indistinctement à la multitude des citoyens et des étrangers de tous les rangs et de toutes les professions. L’heureux soupirant à qui elle avait promis une nuit de délices, était souvent chassé de son lit par un favori plus robuste et plus riche ; et lorsqu’elle paraissait dans les rues, ceux qui voulaient éviter le scandale ou la tentation, avaient soin de fuir sa rencontre. L’historien satirique n’a pas rougi[1] de décrire les scènes de nudité qu’elle osa offrir en plein théâtre[2]. Après

  1. Alemannus a supprimé un fragment un peu trop libre des Anecdotes (c. 9) qui se trouvait dans le manuscrit du Vatican, et les éditions de Paris et de Venise l’ont omis également. La Mothe-le-Vayer (t. VIII, p. 155) est le premier qui ait indiqué ce passage curieux et authentique (Jortin's remarks, vol. 4, p. 366) qu’on lui envoya de Rome, et qu’on a publié depuis dans le Menagiana (t. III, p. 254-259), avec une traduction latine.
  2. Après avoir dit qu’elle portait une ceinture étroite (car on ne pouvait pas se montrer sur le théâtre dans un état de nudité complète), Procope ajoute : αναπεπτοκυια τε εν τώ εδαφει υπτια εκειτο. Θητες δε τινες… κριθας αυτε υπερθεν των αιδοιων ερριπτον ας δε οι χηνες, οι ες το‌υτο παρεσχενασμενοι εντυγχανον τοις σ‌τομασιν ενθενδε κατα μιαν ανελομενοι εισθιον. J’ai