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racles[1]. Il reçut dans ses derniers momens quelques consolations de l’idée que ses deux fils, sa femme et le respectable Symmiaque, son beau-père, n’avaient rien Craindre ; [Mort de Symmaque. A. D. 525.]mais la douleur de Symmaque fut indiscrète, et peut-être qu’elle manqua de respect. Il n’avait pas craint de pleurer en public la mort de son ami ; il pouvait la venger : on le chargea de fers, on le traîna ensuite de Rome à Ravenne où se trouvait Théodoric, et le vieillard innocent fut immolé aux soupçons du roi[2].

Remords et mort de Théodoric.

Le sentiment de l’humanité nous dispose à donner de l’autorité aux témoignages qui attestent l’empire de la conscience et le remords des rois ; et la philosophie n’ignore pas que la force d’une imagination troublée et la faiblesse d’un corps malade peuvent créer quelquefois les spectres les plus horribles.

  1. L’inscription gravée sur son tombeau fut composée par l’ancien précepteur d’Othon III, le savant pape Sylvestre II, que l’ignorance de ses contemporains taxait, ainsi que Boëce, du crime de magie. Baronius (A. D. 526, nos 17, 18) dit que le martyr catholique porta durant un long espace sa tête dans ses mains. Une femme de ma connaissance (*) à qui on parlait d’un miracle pareil, dit : « La distance n’y fait rien ; il n’y a que le premier pas qui coûte. »
    (*) Mme du Deffand. C’était à l’occasion du miracle de saint Denis. (Note de l’Éditeur.)
  2. Boëce loue les vertus de son beau-père (l. I, Pros. 4, p. 59 ; l. II, Pros. 4, p. 118) ; Procope (Gothic., l. I, c. 1 ; le Fragment de Valois (p. 724) et l’Historia Miscella (l. XV, p. 105), se réunissent pour célébrer l’innocence ou la sainteté de Symmaque ; et la légende dit que le meurtre de ce patricien est aussi coupable que l’emprisonnement d’un pape.